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Critique : Secrets of
Modern Chess Strategy : John Watson
Entrevue avec GMI
David Marciano
Une interview de David Marciano, fondateur de la maison
d’édition Game-Mind ( www.game-mind.com
) avec le GM Miralles. Prochainement sur ce site je vous présenterais The
Method in Chess de Iosif Dorfman.
Comment est venue l’idée d’une nouvelle maison
d’édition, pensez-vous avoir quelquechose de nouveau à offrir sur le marché des
livres d’échecs en anglais?
Je devais écrire un livre pour
un éditeur anglais, mais les choses ne se sont pas très bien passées, et cela
ne s'est finalement pas fait. J'ai à cette occasion fait connaissance avec le
métier d'éditeur, et me suis rendu compte que les méthodes de travail des
leaders du marché n'était pas celles que j'aurais imaginé, et que rien
n'était fait pour aider l'auteur à donner le meilleur de lui-même. De plus, je
trouvais regrettable que si peu de livres soient traduits de l'anglais. J'ai
alors discuté d'un projet d'édition avec mon ami Gilles Miralles, et
nous avons très sérieusement envisagé la création d'une maison
d'édition. Un inattendu catalyseur allait accélerer les évènements : lors d'un
week-end de Nationale 1, Iossif Dorfman nous fit part de son intention de
traduire ses best-sellers en d'autres langues. C'était des livres
rêvé pour se lancer, et l'aventure commença donc ainsi.
Notre ambition est désormais
d'offrir aux joueurs anglophones, mais aussi germanophones, francophones et
hispanophones des livres de qualité, tant de part leur contenu que de part leur
confort de lecture. Contrairement à certains éditeurs, nous accompagnons donc
nos auteurs tout au long de la rédaction de leur manuscrit, et les aidons ainsi
à mieux appréhender les demandes des lecteurs.
Comment expliquez-vous que les joueurs français
ecrivent si peu? La langue peut-elle être tenue pour responsable? Ecrire un
livre d’échecs en anglais ne demande pas un effort insurmontable avec un peu
d’aide…
Contrairement aux autres, nous
demandons à nos auteurs d'écrire uniquement dans leur langue maternelle, à
charge pour nous de les faire traduire correctement. Nous nous ouvrons ainsi un
bien plus grand choix d'auteurs. Il est facile de constater que jusqu'alors les
3/4 des livres sont écrits par des joueurs de langue maternelle
anglaise. Bien sûr, beaucoup de joueurs se débrouillent en anglais, mais
écrire un livre implique de maîtriser parfaitement la langue. Personne n'aime
lire un livre mal écrit.
Votre première publication est “The Method In
Chess” de Dorfman, un ouvrage qui avait été très controversé dans sa version
française. En tant que joueur que pensez vous de la Méthode de Dorfman?
C'est un ouvrage qui a été très
critiqué sur sa forme (texte serré, français lourd et avec des fautes), mais
dont la qualité échiquéenne intrinsèque est excellente, ce qui en a fait son
succès. Nous nous sommes donc attaché à en améliorer la forme (plus grand
format, texte plus aéré, anglais impeccable). De plus, Iossif Dorfman a aussi
retravaillé son texte en corrigeant les quelques erreurs de la version
française et en expliquant plus en détails certains moments critiques.
Quels seront vos
prochains titres?
Pour l'instant, seuls deux
nouveaux livres sont planifiés : La Défense Philidor, de Christian Bauer, sans
doute fin janvier, et l'Orang-Outan, de Gilles Miralles, au printemps 2002.
Mais d'autres contrats sont en négociation et de belles surprises sont à venir
!
Y aura-t-il des
traductions/versions en français?
La plupart de nos livres
sortiront en au moins 3 langues : l'anglais, le français et l'allemand.
Je suppose que vos
nouvelles responsabilités vont vous forcer à mettre votre carrière de joueur en
retrait? Une nouvelle aventure?
Je ne joue effectivement plus beaucoup. Pour cette saison, je me contenterais probablement de quelques parties rapides et des matches avec mon club de Monaco. Mais je ne regrette pas ce choix, l'aventure dans laquelle nous nous sommes engagés est passionnante !
Une entrevue avec le grand-maitre international anglais Anthony Kosten. Joueur et auteur renommé, bien connu sur le circuit des opens français…
Tony Kosten, on vous connait bien en France pour vos success dans différents Opens, et dans le monde pour vos ecrits. Dans quelle discipline desirez-vous obtenir plus de success?
Et bien, pour être franc, je ne m’attends plus
à obtenir de nouveaux succès , de plus je ne joue pas beaucoup en ce moment, je
pense être trop vieux pour faire de sérieux progrès. En ce moment je travaille
beaucoup pour www.chesspublishing.com , j’ecris et je programme (c’était mon
métier avant de devenir joueur d’échecs), et vous devriez voir le résultat au
mois de janvier.
En tant qu’ecrivain Anglophone et que joueur en France,
pensez-vous que les joueurs français aient un peu peur d’acheter des livres
ecrits en anglais?
Non, je pense que les joueurs français
achètent beaucoup de livre en anglais, notamment parcequ’il n’y a pas
d’équivalent en français..
Même question du point de vue de l’ecrivain,
pensez-vous que le manqué d’ecrivains français soit du au fait qu’ils ne
maitrisent pas la langue de Shakespeare?
C’est une bonne question ! D’abord je pense que les bons joueurs français sont très jeunes,
et il est evident qu’ils ne veulent pas rester chez eux à ecrire des livres
quant ils peuvent jouer des tournois. De plus il n’y a pas énormèment
d’opportunités pour eux en France car il n’y a pas de bons éediteurs d’échecs.
Peut-être David Marciano changera cela !
La raison pour laquelle les éditeurs anglo-saxons dominent est que la majorité des profits
proviennent des USA ou il y a un marché énorme.
Vous ecrivez principalement des livres sur les ouvertures,
ne pensez-vous pas que la consecration pour un ecrivain est de publier un
“pave” sur le milieu de jeu?
Oui, les livres sur les ouvertures se vendent très bien, c’est
pourquoi il set tentant d’en ecrire. J’ai ecrit 101 Tips to Improve
your Chess, qui traite de
tous les aspects du jeu, c’est un livre pour les joueurs de club (ce sont les
plus nombreux) et ce n’est pas trop compliqué. Je pense que les principaux
secrets du milieu de partie ont été déjà révélés par d’autres ecrivains avant
moi, et j’ai souvent l’impression que les nouveaux livres ne sont que des
remakes de titres anciens, déguisés sous un autre titre.
J’ai eu l’occasion de lire
d’horribles livres d’ouvertures (pas des votres…) dans lesquels il était
evident que l’auteur n’a fait qu’utiliser sa base de données et donner des
references aux parties sans aucune idée originale. Ecrire un livre de mauvaise
qualité sur les ouvertures est très facile, mais comment Tony Kosten ecrit-il
un bon livre?
Je pense que la qualité première est la fierté!
Je me sens vraiment mal si j’ecris quelquechose que je ne juge pas
satisfaisant, c’est ce qui me pousse à travailler plus! D’un autre coté, je
peux comprendre pourquoi certains auteurs ecrivent ces “copies de bases de
données”, car pour faire un livre d’ouverture sérieux, il faut compter 6 mois
de dur labeur, et ça ne paye pas toujours!
Avez-vous des projets en tant qu’auteur?
J’aimerais beaucoup ecrire un livre sur Tony
Miles, peut-être, mais pour le moment j’ai tellement de travail avec le site de
Chesspublishing que cela reste un rêve…
Et en tant que joueur?
Et bien j’aimerais jouer dans des pays ou je
n’ai jamais été, comme la Chine ou l’Australie, et je voudrais bien passer la barre des 2600! Enfin, je dois
trouver le temps de faire tout ça!
Secrets of Modern Chess Strategy, Advances
since Nimzovitch : John Watson.
Le
contre-poids :
Un
état des lieux des idées stratégiques depuis Nimzovitch, il y en avait bien
besoin. Même si d'autres avant ont proposé différentes méthodes (Suba, Pachman,
Euwe), personne ne l'avait fait à la Watson. Le MI américain reprend en effet
les théories de ses prédecesseurs et ecrit tout simplement un livre d'histoire.
Il aurait pu s'intituler : Histoire de la stratègie depuis Nimzovitch jusqu'à
nos jours. Le titre est cependant plus commercial, le lecteur naif s'attend
sans doutes à trouver enfin une méthode infaillible pour maitriser la stratégie
échiquéenne.
Il n'en est rien et l'auteur le précise bien
lui même : ce livre n'a aucune vertue pédagogique, c'est un état des lieux, une
enquête.
Dans
la première partie du livre Watson revient sur les théories dites
"classiques" du milieu de jeu. Il s'appuie pour cela sur les concepts
de Nimzovitch (pion isolé, bloquade, pions doublés…) et fait un historique de
tous ses concepts. Ce passage peut-être d'une bonne valeure pédagogique pour le
joueur 1500-1700, c'est en effet le best-of Nimzovitch, l'auteur ayant mis de
coté les passages qu'il juge obsolètes.
Après
cette remise en jambe passionnante on
plonge droit dans les échecs modernes post 1935. Une époque marquée par une volonté de la
part des champions de s'écarter des règles établies par leurs prédecesseurs dès
que c'est possible. On n'adapte plus la position aux règles, l'on adapte les
règles à la position. Si la position demande que la tour bloque un bion passé
ennemi alors pourquoi pas !! C'est là le message de Watson dans la fantastique
deuxième partie ! Il ne remet pas vraiment en cause les règles établies avant
1935 mais il note que ces règles sont applicables moins frequemments que les
exeptions ! Il critique aussi vivement les livres de milieu de jeu dans
lesquels on donne des positions ou l'un bouge les pièves et l'adversaire n'a
plus qu'à applaudir. Cela n'existe plus dans les échecs modernes de haut
niveau.
J'aime qualifier ce livre de contre -poids!! Nous suivons tous des règles quand nous jouons aux échecs (Nimzo, Tarrasch, Steinitz, notre expérience, nos préjugés), à la lecture du livre de Watson le joueur observera de manière différente la position, il cherchera, tout en connaissant les règles, à toujours trouver l'exeption. Cette nouvelle vision enrichie notablement notre arsenal et…notre plaisir !
A
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